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La réforme des retraites coûtera plus qu’elle ne rapportera à l’horizon 2070 : retour sur l’audition du Conseil d’orientation des retraites

Mardi 11 juillet, en tant que co-président de la Mission d’évaluation des comptes de la Sécurité sociale, j’ai auditionné le président du Conseil d’orientation des retraites (COR), Pierre-Louis Bras, à propos du dernier rapport de son institution, publié en juin  2023. 

Lors de cette audition, Pierre-Louis Bras a rappelé les principales conclusions du rapport de juin dernier : 

  • Sur la période 2022-2027, les dépenses de retraite dans le PIB apparaissent en légère diminution. Elles passeraient de 13,7 % en 2022 à 13,6 % du PIB en 2027.
  • À partir de 2030, l’évolution de la part des dépenses de retraite dans le PIB dépendrait des scénarios : elle serait en baisse dans les scénarios 1,6 %, 1,3 % et 1,0 % et progresserait légèrement dans le scénario 0,7 %. Elle varierait ainsi entre 11,4 % et 13,9 % du PIB à l’horizon 2070. Cette diminution signifie qu’il faudra consacrer une part moindre de la richesse nationale au financement public des retraites par rapport à ce qui était anticipé avant réforme dans le dernier rapport du COR.
  • Si l’on neutralise les effets de la réforme de 2023 sur l’évolution de la part des dépenses dans le PIB, ce ratio serait diminué de 0,2 point de PIB en 2070. Les dépenses augmentent plus à long terme qu’avant réforme, car la diminution du nombre de retraités est plus que compensée par la hausse de la pension moyenne portée par les droits supplémentaires acquis par certains des assurés qui décalent leur âge de départ ou par le renforcement de certains dispositifs de solidarité.
  • Ensuite, la pension moyenne augmenterait en euros constants, mais moins que les revenus d’activité moyens. Cette diminution relative – et non absolue – de la pension moyenne réduit la part des dépenses dans le PIB. Le décrochage de la pension moyenne par rapport au revenu moyen (qui bénéficie des gains de productivité en sus de l’inflation) est lié à l’indexation sur les prix des droits acquis et des pensions liquidées au régime général, aux mesures visant à diminuer le rendement du régime Agirc-Arrco et au gel du point d’indice pour les régimes de la fonction publique.
  • En 2022, les ressources du système de retraite se sont élevées à 13,8 % du PIB. Cette part devrait rapidement baisser à l’avenir pour s’établir de 13,2 à 13,3% du PIB en 2030 et pour se situer, en 2070, dans une fourchette allant de 11,9 % (scénario 1,6 %) à 12,3 % (scénario 0,7 %). Notable, la part des contributions et subventions d’équilibre serait diminuée de plus de la moitié à l’horizon 2070 (elle passerait de 1,9 % à 0,8 %). En outre, la baisse de la part des traitements indiciaires des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers cotisant à la CNRACL dans la masse totale des rémunérations a un effet négatif sur la part des ressources dans le PIB. 
  • Le solde du système de retraite découle bien évidemment des évolutions des dépenses et des ressources, il était excédentaire, en 2022, de +4,4 milliards d’euros, soit 0,2 % du PIB. Cette situation se prolongerait en 2023 où le système connaîtrait un excédent de 3,6 milliards d’euros, soit 0,1 % du PIB. Le solde du système de retraite se dégraderait ensuite pour atteindre -0,2 point (scénarios 1,0 %, 1,3 % et 1,6 %) à -0,3 point (scénario 0,7 %) de PIB en 2030. Il resterait déficitaire à moyen terme dans l’ensemble des scénarios et ne reviendrait excédentaire après 2045 que dans le scénario 1,6 % (0,5 % du PIB en 2070). Le système de retraite resterait durablement en besoin de financement dans les autres scénarios (-1,6% du PIB dans le scénario 0,7%, -0,8 % dans le scénario 1,0 % et -0,2 % dans le scénario 1,3 %).