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Votre Député 

Massy – Palaiseau – Chilly-Mazarin – Morangis – Igny – Wissous

La France doit cesser de craindre sa propre démocratie

Depuis trop longtemps, notre système politique vit dans le déni : celui d’un pays profondément pluraliste, mais gouverné comme s’il ne pouvait penser qu’à une seule voix.

Le mode de scrutin majoritaire, jadis garant de la stabilité, est devenu un instrument d’impuissance. Il fabrique des blocages, entretient la défiance et condamne la représentation nationale à l’artifice des rapports de force.

Je le constate chaque jour à l’Assemblée : les majorités introuvables ne sont pas la cause de la crise politique, elles en sont le symptôme. Le système majoritaire, conçu pour un temps où les clivages étaient simples, ne correspond plus à la France d’aujourd’hui. Notre peuple n’est plus un bloc — et c’est une bonne nouvelle.
Notre démocratie a mûri, nos sensibilités se sont diversifiées, nos débats se sont enrichis. Il est temps que nos institutions le reconnaissent enfin.

Une réforme transpartisane pour rendre à chaque voix son poids

Avec des collègues de plusieurs groupes politiques — Ensemble, Les Démocrates, Socialistes, Écologistes, Gauche démocrate et républicaine — nous avons déposé une proposition de loi pour introduire la proportionnelle aux élections législatives.
Nous l’avons travaillée avec le constitutionnaliste Benjamin Morel, qui en a détaillé les principes dans une note publiée sur La Grande Conversation du think tank Terra Nova.

Notre objectif est simple : que chaque voix compte partout sur le territoire, et que le Parlement reflète enfin la réalité politique du pays.
Le mode de scrutin que nous proposons combine ancrage territorial et représentation nationale : une partie des députés resterait élue dans des circonscriptions locales, l’autre sur des listes nationales. Si un parti obtient 20 % des voix au niveau national, il aurait 20 % des sièges à l’Assemblée — ni plus, ni moins.
Ce système hybride, inspiré du modèle allemand, conjugue stabilité et justice démocratique.

La proportionnelle, c’est la vérité, pas l’instabilité

On dit souvent que la proportionnelle serait synonyme d’instabilité. L’expérience de nos voisins prouve le contraire.
Depuis 1958, l’Allemagne a connu 24 gouvernements et 10 chanceliers ; le Danemark, 31 gouvernements et 12 premiers ministres. En France ? 47 gouvernements et 29 chefs de gouvernement.
Le mythe de la stabilité majoritaire s’effondre à la lumière des faits.

La proportionnelle ne fabrique pas l’instabilité, elle fabrique la responsabilité.
Elle oblige les forces politiques à dialoguer, coopérer, construire plutôt qu’à s’affronter stérilement. Elle encourage la transparence : les contrats de gouvernement se négocient au vu et au su de tous, autour de mesures susceptibles de recueillir l’assentiment d’une majorité réelle, pas artificielle.
Elle renforce aussi la parité et rééquilibre les pouvoirs au sein de la Ve République, en donnant au Parlement le rôle qui lui revient.

Retrouver la force du collectif

Refuser la proportionnelle, c’est préférer l’illusion du pouvoir solitaire à la force du collectif.
L’accepter, c’est croire à la maturité démocratique du pays.

J’y vois un enjeu fondamental : réparer notre démocratie.
Car la colère qui monte dans le pays n’est pas seulement sociale ou économique, elle est aussi institutionnelle. Les Français ne croient plus que leur voix compte.
C’est cela qu’il faut changer : que chaque citoyen, où qu’il vive et quelle que soit son opinion, sente qu’il participe réellement aux décisions qui engagent la nation.

Notre République ne périra pas de la diversité des voix qui la composent.
Elle périra si elle continue de ne pas les entendre.

Jérôme Guedj
Député socialiste de l’Essonne