

Depuis plus d’un an, je plaide pour un accord permettant de geler la réforme des retraites. C’est, à mes yeux, la traduction la plus claire d’un compromis possible entre celles et ceux qui voulaient son abrogation – j’en fais partie – et ceux qui défendaient le statu quo.
Personne n’a gagné, et il faut en tirer les conséquences : suspendre la réforme des retraites, c’est reconnaître le verdict d’un pays fracturé, fatigué des postures, et désireux d’équilibre.
Je constate que, sous la pression du réel, les lignes bougent. En quelques jours, plusieurs signaux d’ouverture ont été donnés :
le renoncement au 49.3, que nous demandions depuis des mois ;
la mise de côté de la réforme de l’assurance chômage ;
l’ouverture du débat sur la taxation des très hauts patrimoines ;
la révision des objectifs budgétaires, pour protéger le pouvoir d’achat et éviter de nouvelles coupes injustes.
Ces cinq inflexions, dont la suspension de la réforme des retraites est la plus emblématique, sont les fruits d’un travail constant du Parti socialiste, de notre ténacité et de notre cohérence. Quand la négociation avance, il faut savoir prendre les gains obtenus.
Mais un accord ne peut être crédible que s’il est mis en œuvre par un gouvernement qui en partage l’esprit. Si l’on veut un vrai changement, il faut un Premier ministre de gauche. Pas pour faire un gouvernement de coalition, mais pour assurer la cohérence et la clarté nécessaires à ce moment politique.
Je le redis : il ne s’agit pas de “soutenir” ou de “participer” à un gouvernement macroniste. Il s’agit de retrouver le sens du compromis parlementaire, de bâtir des majorités texte par texte, dans le respect du pluralisme et de la volonté populaire. C’est cela, la reparlementarisation que j’appelle de mes vœux.
Certains diront que ce serait risqué. Oui, c’est un risque. Mais le pire serait de rester spectateurs, de laisser notre démocratie s’enliser dans l’impuissance ou la démagogie. La gauche républicaine, sociale et écologique doit montrer qu’elle est capable de gouverner, de réconcilier et de reconstruire la confiance.