

« S’il n’y a pas de suspension de la réforme des retraites, il n’y a plus de gouvernement »
La Grande Interview – Europe 1, 16 octobre 2025
Ce matin, j’étais l’invité de Sonia Mabrouk sur Europe 1, pour la Grande Interview. L’occasion de rappeler, face aux auditeurs, la ligne claire et responsable que nous, socialistes, défendons depuis le début de cette séquence politique : la suspension de la réforme des retraites n’est pas un slogan, c’est une exigence démocratique et sociale.
Depuis 2023, des millions de Français considèrent que cette réforme est injuste et qu’elle a fracturé le pays. En arrachant sa suspension, nous avons obtenu une avancée concrète et une victoire du dialogue sur l’affrontement. Ce résultat n’est pas le fruit du hasard, mais celui d’un rapport de force construit intelligemment, sans outrance ni surenchère, en fidélité aux attentes des citoyens.
Je l’ai redit à l’antenne : si la parole du Premier ministre n’est pas tenue, alors il n’y a plus de gouvernement. Nous avons choisi de ne pas censurer Sébastien Lecornu à ce stade, parce que nous avons obtenu un engagement ferme. Mais la non-censure d’aujourd’hui ne vaut pas chèque en blanc. Si les promesses faites devant la représentation nationale ne sont pas honorées, la responsabilité politique retombera sur le gouvernement.
Car la suspension annoncée doit maintenant être traduite dans les faits : par un amendement au budget de la Sécurité sociale (PLFSS). Nous savons les obstacles : le passage au Sénat, la commission mixte paritaire… Mais c’est au Premier ministre de garantir que sa majorité et ses alliés respectent la parole donnée.
Je l’ai dit clairement : 700 000 personnes dès 2026 seront concernées par des mesures plus favorables que celles de la réforme Borne, et 3,5 millions de Français sur la période. Ce sont des chiffres qui engagent la crédibilité du gouvernement.
Dans le même temps, je refuse de cautionner un budget qui comporterait des mesures iniques : gel des prestations sociales, doublement des franchises médicales, affaiblissement des minima sociaux. Nous combattrons ces dispositions, car la justice sociale ne se négocie pas à la marge.
Notre position est claire : pas de censure honteuse, mais pas de complaisance non plus. Être dans l’opposition, c’est refuser la posture pour préférer l’efficacité. Nous sommes une gauche responsable, lucide, capable de compromis quand ils sont utiles au pays, mais ferme sur les principes.
J’ai également rappelé qu’il n’y a aucune complaisance possible avec les extrêmes, qu’elles soient politiques ou idéologiques. Le 16 octobre marque le cinquième anniversaire de l’assassinat de Samuel Paty : un rappel tragique de ce que doit être notre devoir de fermeté républicaine. Aucune complaisance avec l’islamisme, aucune ambiguïté avec ceux qui importent la violence dans le débat public. La République, la laïcité, l’universalisme ne se négocient pas.
Ce que je défends, c’est une stabilité qui ait du sens : une stabilité dans la justice. Si le manche bascule, nous perdrons l’équilibre. Et je crois profondément que les Français veulent, plus que des postures, des résultats : du respect, du pouvoir d’achat, et un avenir clair.
En 2027, ils auront à choisir entre deux voies : celle d’une réforme plus dure, ou celle d’une réforme plus juste. J’ai choisi mon camp.