

Exigence sans intransigeance : la voie socialiste du compromis
Au moment où la politique nationale se réinvente autour de compromis fragiles, je mesure combien il est difficile mais nécessaire de tenir ce cap : transformer sans trahir, négocier sans céder sur l’essentiel.
La suspension de la réforme des retraites décidée par le gouvernement n’est pas une “victoire” à fanfaronner, mais une avancée majeure obtenue grâce à la détermination du Parti socialiste.
Depuis deux ans, nous nous battions pour que ce texte injuste soit mis entre parenthèses. C’est désormais chose faite. Cette suspension jusqu’à 2027 n’efface pas nos désaccords avec la majorité, mais elle démontre que la gauche peut être force de proposition et d’action sans sombrer dans la posture.
J’assume ce mot de compromis. Certains le brandissent comme une injure, j’y vois la marque de la maturité politique. Dans l’histoire de la gauche, ce débat n’est pas nouveau : il oppose depuis Jaurès et Guesde, Blum et Thorez, ceux qui veulent tout renverser à ceux qui cherchent à améliorer, pas à tout casser.
Moi, je choisis le réel : exiger sans être intransigeant.
Cette exigence vaut aussi pour le budget à venir. Je ne me fais pas d’illusions : il ne sera pas un budget de gauche, mais il ne doit pas non plus être un budget antisocial. C’est la responsabilité du Parti socialiste d’empêcher les reculs les plus injustes, notamment la hausse des franchises médicales, contraire à la logique même de la Sécurité sociale.
Je me battrai pour que les classes populaires et moyennes, déjà sous pression, ne soient pas de nouveau les variables d’ajustement des comptes publics.
Être de gauche, ce n’est pas s’enfermer dans un rêve pur. C’est mettre les mains dans le cambouis pour protéger celles et ceux qui n’ont que leur travail pour vivre.
C’est défendre la vieille dame de 80 ans qu’est notre Sécurité sociale, notre bien commun, notre fierté collective.
C’est refuser qu’on taxe les malades pour financer l’assurance maladie. C’est dire non à une société où les plus modestes paient toujours plus pour les erreurs des puissants.
Sur le plan politique, je l’assume : la rupture avec Jean-Luc Mélenchon est ancienne et irréversible.
Ce n’est pas une querelle d’ego mais une divergence de fond. J’ai cru un temps à la possibilité d’un rassemblement des gauches dans le respect des différences. Mais les outrances verbales, le refus de la nuance et la dérive essentialiste ont rendu cette union impossible.
La gauche ne peut pas être celle du simplisme, du campisme et de la provocation. Elle doit redevenir celle du courage, de la raison et de la République.
Je reste profondément attaché à l’universalisme républicain, à la laïcité, à cette idée simple que la seule communauté légitime, c’est la communauté nationale.
Abandonner ces repères, c’est offrir un boulevard à l’extrême droite.
Et comment renouer avec les classes populaires, aujourd’hui tentées par le Rassemblement national, si nous refusons de parler de leurs préoccupations quotidiennes : sécurité, immigration, travail, dignité ?
Ces sujets ne sont pas des mots interdits. Ils doivent être traités avec la rigueur d’une politique publique, ni angélisme ni stigmatisation.
La gauche que je défends est lucide, concrète et fraternelle.
Elle ne se contente pas de slogans : elle agit, elle protège, elle construit.
C’est cette gauche-là, utile et fidèle à son idéal républicain, que je continuerai à incarner à l’Assemblée nationale et dans l’Essonne.